Lémurien de Madagascar.

Madagascar, sanctuaire de la nature et des ancêtres

Au pays des lémuriens

Véritable sanctuaire de la nature, Madagascar a la particularité de détenir l’un des taux d’endémisme le plus élevé au monde.

Il y a 240 millions d’années, Madagascar faisait partie du continent nommé le « Gondwana » auquel était également rattaché l’Inde, l’Australie, l’Antarctique, le sud de l’Afrique et l’Amérique, pour ensuite s’en détacher et former les 5 continents.

Femelle lémurien de Madagascar et son bébé.

L'isolement de Madagascar ainsi que la variété des climats et des reliefs a fait évoluer au cours des siècles la faune et la flore de façon unique. Même si l'île n’abrite plus qu’une partie de sa forêt primaire, elle reste un des endroits les plus riches en termes de biodiversité sur la planète, on y trouve donc des espèces qui n'existent nulle part ailleurs, dont les lémuriens sont un exemple célèbre.

Bondissants et attendrissants, on tombe forcément sous le charme de ces timides primates… Hormis deux espèces aux Comores, les lémuriens sont des primates qu’on ne trouve qu’à Madagascar, vivant principalement dans les forêts et se nourrissant de feuilles et de fruits, parfois d’insectes pour certaines espèces, comme le Microcèbe, le plus petit primate du monde, nocturne et insectivore et qui ne pèse que quelques dizaines de grammes.

Lémurien de Madagascar.

Plus d’une trentaine d’espèces de lémuriens existent à Madagascar et 50 formes différentes peuvent être rencontrées, aux formes et aux habitudes extrêmement variées : l’Indri diurne dont le poids dépasse 7 kg, l’Aye Aye, le maki, le sifaka…

Le Sifaka ou « lémuriens danseurs » qui avec ces déplacements pittoresques par petits bonds verticaux, les bras écartés pour assurer leur équilibre, et pouvant faire des sauts de plus de 6 mètres d’arbre en arbre.

Les makis eux, se reconnaissent à leur queue annelée de noir et de blanc, ceux ci se tiennent les bras écartés pour prendre le soleil !

A la lisière des forêts, ou en plein cœur, il n’est pas rare d’être surpris et réveillé par leurs cris, cris de ralliement, cris de reproduction et d’amour , cris d’alarme face à l’un des seuls et rares carnivores de Madagascar le « fosa », prédateurs de lémuriens.

A ces adorables peluches vivantes s’ajoutent bien d’autres espèces de mammifères, de reptiles, d’amphibiens et d’oiseaux dont la majorité sont endémiques : grande patrie des caméléons, aux multiples couleurs et à la démarche chaotique et nonchalante, sur les 131 espèces recensées dans le monde, prés de la moitié vit sur à Madagascar, apparaissant au grés d’une balade, à l’extrémité des branches.

Caméleon de Madagascar.

Une floraison de couleurs, de saveur et d’odeurs

Abondance de fruits aux saveurs exotiques, de fleurs et de plantes, d’épices du bout du monde : Ylang-Ylang, Niaouli, Ravintsara, Helychrise, girofle, vétiver, vanille de Madagascar, l’une des plus réputée. Madagascar est également un véritable paradis botanique, riche en plantes aromatiques, et distillant des huiles essentielles de grande qualité. Quelques grandes marques de cosmétologie l’ont découvert faisant appel aux cueilleuses des villages pour leurs crèmes aux vertus miraculeuses !

Cette faune et cette flore s’enorgueillissent dans des paysages somptueux, de forets primaires aux massifs montagneux, de plantations à flanc de collines…

Cette biodiversité est cependant très fragilisée par la déforestation, menace de cet écosystème unique au monde : pratique de la culture sur brûlis, coupe et vol de bois précieux de manière illégale, utilisation intensive du charbon de bois, unique moyen de chauffage pour la majorité des Malgaches, braconnage et pillages des ressources naturelles.

Protection de l’environnement et écotourisme sont donc une priorité, qui passent par l’implication des communautés locales dans le développement et la mise en avant de leur fabuleux patrimoine.

Fleur de Madagascar.
Fleur de Madagascar.

Voyage au travers des ethnies

« Dans le Sud, aride et sec, c'est l'Afrique qui domine. La peau des hommes se fait plus sombre, les masques mahafalys sont peints de couleurs vives. Lorsque la sécheresse pousse les tribus du Sud vers les Hauts plateaux de l'Imerina, l'Afrique bascule dans le vert des rizières et l'Asie l'emporte dans les visages plus clairs et les gestes des danseurs "pilalao". Est-ce la main des dieux ou le pouvoir des âmes qui ont fait ce pays ? Sans doute les deux à la fois. »

Florence Théard

Des ethnies différentes tout au long du voyage

Homme Malgache vu de dos.

Des Betsileo, fiers riziculteurs habitant les Hautes Terres, aux Vezo, peuple de la mer au Sud, navigateurs nomades aux pirogues à balanciers, peu importe leurs origines : les Malgaches font preuve de gentillesse et de simplicité en faveur des « Vaza » (nom donné aux étrangers). Du regard simple des gens qui vous offriront de larges sourires aux hordes d’enfants timides et malicieux, le charme de Madagascar est aussi du contact que l’on a avec sa population.

Madagascar, bâtie sur la riziculture et l’élevage de zébus, perpétue de riches traditions ancestrales, propres à chacune des 18 ethnies et de leur région. Celles-ci issues des différents petits royaumes contribuent à faire de Madagascar un pays exceptionnellement riche des diversités culturelles de ses habitants.

Une barque sur une plage de Madagascar.

Les principales communautés des plateaux centraux sont les Merina « ceux des hauteurs », au teint joliment ensoleillé et aux yeux étirés de leurs ancêtres asiatiques, qui représentent le quart de la population (25 %), et leurs cousins les Betsileo « ceux qui sont invincibles » (12 %).Ces deux ethnies descendent essentiellement d'immigrants venus de Malaisie et d'Indonésie.

Les régions côtières sont habitées surtout par des populations métissées de Malais, d'Indonésiens, de Noirs africains et d'Arabes : les Betsimisaraka « ceux qui ne se séparent pas »,vivant sur la côte est, cultivateurs de café, de girofle, de canne à sucre ; les Sakalava « ceux des longues vallées », sur la côte ouest, les Antandroy « ceux du pays des épines » vivant à l’extrémité sud de l’île, les Mahafaly « ceux qui font les tabous » sculpteurs, les Vezo « nomades de la mer »…pour n’en citer que quelques-unes.

Jeune femme Malgache.
Maison traditionelle malgache.

Traditions vestimentaires et parures

Ainsi, tout au long de votre voyage, c’est une succession de visages, de parures, de traditions multiples qui s’offre à vous : Des coiffes différentes, jolies nattes longues aux cheveux lisses sur les hauts plateaux, aux coiffures plus insolites comme les coiffures en boule des Sakalava, les tresses en paillasson des Mahafaly, chaque coiffe ayant leur langage et pouvant signifier que la jeune fille est libre, fiancée, marié.

Les parures et habits marquent également l’appartenance à un groupe culturel, et varient suivant les circonstances. Les drapés ont aussi leur langage : « lambahoany » dans le sud, tissu en coton coloré et imprimé de mille façons , « malabary » , longue chemise traditionnelle à carreaux et pagnes épais comme des couvertures sur les Hautes Terres des Betsiléo.

Dansez au son des mélodies malgaches

Les danses, vecteur de connaissances dans une culture de l’oralité pendant très longtemps sont différentes d’une région à une autre. Vous aurez peut-être l’occasion d’être invité à danser l ‘ « Afindrafindrao » danse Merina, dérivée du menuet, cadencée au rythme de la trompette, flute, clarinette et sifflet ! Vous aurez très certainement l’occasion, particulièrement de la période « hivernale » de découvrir le célèbre théâtre traditionnel « Hira Gasy » qui mêle chants, discours et danses, en abordant les thèmes de la vie quotidienne souvent avec humour. Les danses des Bara, elles, miment le plus souvent des combats pour ce peuple de tradition pastorale guerrière.

L'artisanat malgache

Des charrettes aux zébus aux boutres de pêcheurs, votre découverte de Madagascar sera jalonnée de rencontres de traditions culturelles spécifiques à chaque ethnies, dont l’artisanat en est un reflet : sculpteurs Zafimaniry, réputés pour leur travail sur bois, vivant dans une région de forêts, au sud-est d’Ambositra, objets ornementaux à caractère sacré ou artistique, vannerie, objets en corne de zébus…

Danse traditionelle malgache.
Sculteur Malgache à l'ouvrage.

La civilisation des ancêtres

Une relation particulière entre les vivants et les ancêtres défunts

Les Malgaches observent deux rites funéraires : le premier fait passer l’individu du monde des vivants à celui des morts, le second fait entrer le défunt dans le monde des ancêtres.

Juillet, août, septembre à Madagascar, c’est le temps des cérémonies du retournement des morts, le « Famadihana », une tradition du culte des ancêtres spécifiques aux hautes terres centrales. C’est le témoignage que les morts font toujours partie de la vie. On continue à penser à eux, les morts ne sont pas morts, ils deviennent des « Razana » ancêtres divinisés et revivent une nouvelle vie en installant leur pouvoir protecteur.

Le Famadihana, retournement des morts est une grande festivité qui peut durer plusieurs jours. On invite tout le village pour boire, manger, danser et très souvent, un zébu est sacrifié. Tout s’achève par l’ouverture du tombeau familial et les ancêtres sont recouverts d’un nouveau linceul fait avec de la soie sauvage, un tissu précieux chez les Malgaches. Ainsi, les défunts honorés apportent le bonheur et la récompense.

Le Famadihana représente le plus souvent un énorme sacrifice financier pour la famille qui invite ses membres et l’ensemble du village.

Ces rituels de passage des morts vers le monde des ancêtres connaissent des variantes d’une région à une autre, le Famadihana, étant le plus connu.

Le Malgache croit en un être suprême : le Dieu « Zanahary », le Seigneur Créateur, qui a créé le Cosmos et l’ordre du monde. Entre Dieu et les vivants, les ancêtres divinisés sont les intermédiaires. Rien ne peut se réaliser sans leur bénédiction. Ainsi, tous les projets importants (construction, mariage, culture, récolte…) ne sauraient se réaliser sans une offrande (rhum, sacrifice d’animaux) et une prière. On entrera en contact avec les ancêtres pour demander conseil à travers des séances de transe. Ces rituels de possession, les « tromba » assurent un dialogue constant entre les défunts et leurs descendants. Le terme « tromba », d’origine Sakalava désigne une possession bénéfique, alors que le « bilo », terme d’origine Betsileo est un rituel d’exorcisme, qu’on invoque par exemple pour guérir un malade, en le débarrassant de l’esprit qui l’habite.

L’art funéraire

Il existe plusieurs styles d’art funéraire à Madagascar : De grands tombeaux rectangulaires et sobres parsèment les collines dénudées des Hautes Terres.

Dans le Sud, ils laissent la place aux fabuleux « Aloalo », sculptures funéraires en bois sur les tombeaux des ethnies Sakalava du Sud-ouest, et Mahafaly dans l’extrême Sud, où l’amour, la mort et le sexe y sont souvent représentés. Ces sculptures symbolisent également la richesse et la réussite du défunt.

Certaines de ces statues funéraires ont traversées des siècles, mais malheureusement beaucoup de tombeaux ont été pillés de leurs sculptures les plus anciennes.

Désormais, la notoriété de l’art funéraire du Sud à travers ses magnifiques Aloalo a engendré un véritable artisanat local pour en faire de spectaculaires objets de décoration.

Les « fady », interdits et tabous traditionnels

Même si ceux ci évoluent avec le temps et l’évolution de la société malgache, les « fady », signifiant interdits et tabous, sont très présents dans la vie quotidienne depuis des siècles et sont très anciens : « Les humains ne sont pas des bestiaux parce que les humains ont des interdits ».

Il s’agit surtout de protéger et de ne pas offusquer les ancêtres. Les tabous les plus connus touchent à la nourriture « fady tongolo » interdits d’oignons, « fady kisoa », interdits de porc, mais s’attachent également aux lieux (tombeaux, forêts), aux rites (interdit d’enterrement le mardi et jeudi en Imerina), ainsi qu’aux personnes (interdit des jumeaux chez l’ethnie des Antambahoaka, qui pouvaient être mis à mort encore très récemment). Les Fady varient d’une région à une autre, d’un village à un autre…

Se conformer aux fady, c’est donc respecter l’ordre du monde, les enfreindre, c’est se mettre en danger.

Si la gravité des infractions est variable, certaines sont totalement inacceptables, comme celle de l’inceste, interdit absolu.

Ainsi, il est très important en tant que visiteurs et touristes en terres malgaches de les connaitre et de les respecter, un guide local saura vous les expliquer. (voir notre rubrique renseignements pratiques)